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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/41

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LE DIABLE AU CORPS.

PHILIPPINE.

Daignerez-vous me raconter, Madame, où vous avez pêché ce nouvel adorateur ?

LA MARQUISE.

Par le plus étrange hasard : chez cette Baronne allemande qui donne à jouer.

PHILIPPINE.

Ah ! je sais qui vous voulez dire.

LA MARQUISE.

Je vais, depuis quelque tems, assez régulièrement dans ce tripot, et j’ai tort ; car j’y perds l’impossible. Hier, entr’autres, j’ai joué d’un guignon si constant, quoiqu’à petit jeu, que cent louis dont je m’étais munie, n’ont duré qu’une heure, et que j’aurais quitté la partie avec des dettes, sans Dupeville qui, gagnant, contre son ordinaire, m’a glissé soixante louis. Je me suis acquittée autour du tapis, et le peu qui me restait n’a fait que paraître.

PHILIPPINE.

Heureuse en amours, malheureuse au jeu, vous reconnaissez la vérité du proverbe ?

LA MARQUISE.

On sortait de table, et le pharaon recommençait. Ma voiture n’était point arrivée. J’ai vu, près du feu, la grosse Présidente de Conbannal qui causait avec un inconnu. Comme