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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/450

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LE DIABLE AU CORPS.


on daigne l’arroser, et par degrés encore, on lui fait une toilette entiere. Les plus belles mains du monde l’ont pressé, lavé ; le frottent, l’essuient, le sechent dans la batiste… Un Monarque serait jaloux de ce que notre Divinité veut bien faire pour un misérable valet… — Valet… qu’importe ! Beauté, (chaque espece a la sienne) santé, vigueur, talens encore ; Zamor a tout : Zamor n’est donc point une créature vile ; Zamor sait si bien goûter et faire goûter le suprême bonheur ! Le caprice libertin de tant de belles l’a mis à leur niveau !… Zamor a les plus beaux privileges… Il vaut un Seigneur… — C’est en raisonnant ainsi que la vaine Marquise se laisse entraîner par son desir, et s’encourage de plus en plus à servir l’attrayant Zamor. C’est en le traitant avec la plus extrême faveur qu’elle l’encourage lui-même à tout oser. Déja leur mutuelle purification est complette, et le simulacre qu’ils poursuivent encore, n’est plus qu’une familiarité déguisée, qui dégénere en défi. Zamor, d’un doigt audacieux, glissant le long de cette vallée mystérieuse qui tourne d’orient en occident, agace plutôt qu’il ne visite, deux orifices chatouilleux, et y met le feu. La main qui fait chez lui le même voyage et pétrit l’intéressant dépôt des richesses viriles dont la Nature l’a si largement pourvu, ne fait que le parodier lui-même : si ce provoquant prélude dure encore un instant, il y aura de part et d’autre une