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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/483

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LE DIABLE AU CORPS.


quoiqu’il y eût beaucoup d’imprudence de sa part à se déplacer dans sa situation plus qu’équivoque, toute autre considération cessante, elle voulut absolument fuir le mauvais air de son hôtel, et partit pour une maison de campagne délicieuse qu’elle avait à peu de distance de Paris. Mais cette précaution allait devenir vaine. De même que Philippine, la Marquise se trouvait atteinte du mal redouté ; elle en emportait le germe, déja fermentant dans son sang et prêt à se déclarer sous la forme la plus cruelle.

On imagine bien que Philippine, spécialement l’objet que la Marquise avait à cœur d’éviter, n’était point du voyage ? mais bien Nicole et Belamour, avec ce qu’il fallait de monde subalterne. — Que les premiers surent bien, dans cette attendrissante conjoncture, signaler le parfait attachement qu’ils avaient pour leur bonne maîtresse ! Ils lui prodiguerent, à l’envi, les soins les plus soutenus, quoique pénibles à l’excès. Il est vrai, que la tâche devenait pour eux bien douce, par le plaisir que leur ancien amour, tout-à-fait ranimé, leur faisait trouver à demeurer sans cesse ensemble et presque tête-à-tête ; car ils étaient admis seuls dans l’intérieur ; et la Marquise, se trouvant si mal, dès le troisieme jour de petite-vérole décidée, qu’elle ne pouvait plus être comptée pour un témoin, ses gardes-malade