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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/494

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LE DIABLE AU CORPS.


et commande au révérend, en despote, le triple crime de l’abus de confiance, de la fornication et du sacrilege. C’est pour frapper les grands coups que l’esprit impur dicte encore à la délirante malade, ces mots prononcés avec chaleur :) —


Allons donc, mon ami ? moins de timidité… Tu me le mettras ; je le veux : je le l’ordonne… Il eût été plus galant de ta part, et plus flatteur pour moi, que l’idée te fût venue de m’en prier… mais, je n’aurai pas eu gratis la honte de te le proposer ; viens, mon cher Félix. — Félix !

                  (beugle aussi-tôt une rauque basse-taille, du ton de la surprise et de l’indignation.)


En même-tems, le confus Hilarion, blessé jusqu’au vif, va reculer. —

Chut,

(lui dit ingénuement la malade)


ne réponds pas, mon petit ami. C’est ce vilain bouc d’Hilarion qui t’appelle ; je reconnais sa voix de cornemuse… mais, laisse-le… n’y vas pas ; il n’osera pénétrer jusqu’ici… Mets-toi derriere ce rideau… Fais mieux, viens, l’amour, te cacher dans mes draps… viens. —

Ainsi, chaque mot avait aggravé l’affront ! chaque mot prouvait combien l’erreur de l’amour-propre était ridicule ! L’orgueil, (un capucin en a comme un autre) le dépit vont trancher cette scene peu commune : cependant, par un heureux hasard, l’égarée, qui pourtant conservé beaucoup d’accord entre ses paroles et ses gestes,

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