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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/497

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LE DIABLE AU CORPS.


joujou gigantesque, elle-même le dirigeait vers le but… Ah ! sans cela tout se défaisait encore, puisque, toujours frappée de son morveux de Félix, on venait de dire à l’occasion de l’énorme engin. — Dieux ! l’avoir de cette taille à ton âge ! Comment l’auras-tu donc à vingt-cinq ans ? — Mais, nous le répétons : le diable était de la partie : d’ailleurs, l’orgueil capucinal, le moins noble de tous les orgueils, ne peut rien disputer avec succès à la capucinale lubricité : — Si c’est Félix qu’on pense à favoriser, c’est du moins Hilarion qui va prendre et donner du plaisir. — Avec cette idée fort sensée, une ferme résolution prise, et se recommandant à cette belle dont l’imagination s’était enivrée le premier jour, le révérend dégage, non sans quelque peine et bien à tems, son superbe boute-joie, d’une main brûlante qui jouait avec de maniere à gâter la partie principale ; il lui retire, dis-je, ce précieux enjeu, et, sans perdre un instant[1], il le plonge,

  1. C’est sur-tout à ce passage que se rapporte l’épigraphe, Soins, etc. — Nous convenons que l’image actuelle est repoussante à faire horreur. — Mais quel homme est en scene ! Ne sait-on pas que nombre de mortes ont été violées, soit par des gardiens affamés de plaisir, soit par des amans engoués jusqu’au délire. La femme qu’une maladie a consumée, et dont la vie s’est éteinte dans un sang absolument dissous, est-elle plus attrayante que celle qu’on peint ici ? Encore une fois, ce ne sont pas des faits ordinaires que le Docteur s’est proposé de décrire : il avait et supposait que ses acteurs, et ses lecteurs même, avaient, comme lui, le diable au corps.