Aller au contenu

Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/518

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
201
LE DIABLE AU CORPS.


qu’elle s’impatientait de l’attendre ; ce fut, en même-tems, dis-je, que la pauvre Nicole fit la découverte importante d’une trahison affreuse que lui faisait le cher Belamour. Celui-ci, très-vicieux personnage, on le sait, avait perverti le petit frere lai. Félix, défroqué sans avoir dit gare, n’était pas plus loin que dans l’arriere-cabinet de l’appartement du coiffeur, qui lui donnant, le jour, avec les soins nécessaires, tous les momens dont il pouvait disposer, partageait, la nuit, avec lui sa couche.

Qu’il eut été doux pour une amante naturellement jalouse et vindicative, de faire, à ce sujet, un éclat bien scandaleux ! Mais… « Que sait-on ? Madame, peut-être, joue, dans cette aventure, quelque rôle secret ? Ce petit Félix l’a ci-devant occupée ?… Si c’était, pour elle, que Belamour eut l’ordre de le recéler ?… Madame, au surplus, ne pouvait confier plus mal ses petits intérêts… car, M.r Belamour, connu pour être également actif et passif… C’est une abomination ;… il est sans doute la femme de l’ex-capucin, tout aussi bien que l’ex-capucin est la sienne ! Cependant, il ne faut rien gâter. » Ainsi raisonnait la pénétrante soubrette, intérieurement outrée contre son infidele, contre le vil objet de l’infidélité,… par momens, contre sa maîtresse elle-même. Nicole, enfin, tourna tant, épia si bien, qu’enfin elle s’assura complétement d’avoir deviné juste.