Aller au contenu

Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/639

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
LE DIABLE AU CORPS.


LA COMTESSE.

Fort sot, Madame. — Et je vais vous en faire convenir.

LA MARQUISE, froidement.

Contez, donc.

LA COMTESSE.

Dès l’âge de seize ans, un concours de circonstances, qu’il est inutile de déduire ici, m’avait fait avoir des bontés pour Dom Ribaudin…

LA MARQUISE, gaiement.

Dom Ribaudin. Voilà bien un vrai nom de moine !

LA COMTESSE.

D’accord : et d’autant mieux que ce nom burlesque avait seul décidé de la vocation du personnage. Il descendait d’honnêtes gens, jusqu’à lui voués aux petits tribunaux de judicature. Un beau transport militaire l’ayant surpris, il s’était fait pourvoir d’un emploi dans la milice. Être cu-blanc[1] et se nommer

    ignore peut-être elle-même de quelle part, elle est à cent lieues du plus simple soupçon de ce que nous savons, et dont la Marquise est trop humiliée, pour qu’aucun de ses confidens, non plus qu’elle-même, ait osé en parler, sur-tout à la Comtesse, connue pour l’être le moins capable de garder un secret. — Note du Docteur.

  1. Sobriquet dont on gratifiait autrefois les officiers de milice, et qui donnait lieu journellement à des querelles avec les officiers de vieux corps.
  3
4