Aller au contenu

Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/646

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
LE DIABLE AU CORPS.


N’en doutez pas… — Et je sentis en même-tems qu’il pressait contre ma main quelque chose qui m’annonçait le plus bouillant desir. Mon œil aussi-tôt lance un éclair du côté de la porte… À travers un mouvement assez confus de tout le monde qu’il y avait là, nous nous éclipsons.

LA MARQUISE.

J’ai failli dix fois t’envoyer faire… Je vois enfin que tu y vas.

LA COMTESSE.

Et de grand courage. — Nous prenons tête-à-tête, et bien vîte, un café digne de la bouche des Dieux. Le Prieur, plus bouillant encore après notre libation, me fait une agacerie ; je la lui rends au double : il risque une licence, j’enchéris et je le trouve d’une force !… Un canapé commode nous offre ses coussins : la paille ne vole pas plutôt à la flamme que nous à notre objet : deux gouttes d’eau ne sont pas plutôt confondues… Le boute-joie de feu n’est pas plutôt où je languissais de l’avoir, que les flots de nos réservoirs prolifiques s’échappent et nous noyent de bonheur. La partie est un éclair, la revanche ne dure gueres : ce n’est qu’au tout que, commençant à filer un peu le plaisir, nous nous ménagions pour le coup une jouissance indicible.

LA MARQUISE.

Je finis par te pardonner cet honnête Prieur ; il fait parfaitement bien les choses.