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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/671

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LE DIABLE AU CORPS.


meurer si long-tems… — Je le crois chez M. le Baron, maman. — La pécore !… — Cependant Nicole n’était pas si sotte. Elle avait très-bien entendu s’ouvrir et se refermer la porte du Baron rentré chez lui. — Ah ! ceci me chiffonne (continue la mere). Il y a quelque chose là-dessous. Monsieur commencerait-il, si jeune, à songer au cotillon !… Ah ! le voici, enfin ! Bonté divine ! une heure entiere pour mettre, à deux cents pas de la maison, une lettre à la poste ! — Que signifie ceci (pensait tout bas la nouvelle déflorée), avec qui donc ai-je été là-haut ?…

(À Belamour.)


Remerciez-moi. Je viens de vous épargner la honte de confesser votre ridicule aventure.

(À son amie.)


N’est-ce pas, ma chere, que Nicaise[1] qui va chercher un tapis, n’est pas plus idiot que celui-ci qui manque son rendez-vous pour ne pas retarder une fichue lettre ?

BELAMOUR.

Aussi ma sottise fut-elle assez chérement payée. — Je fus bien étonné, j’en conviens, quand au lieu de voir sur la physionomie de ma Nicole l’expression du regret, on du moins de notre bonne intelligence ordinaire, j’y vis au contraire un trouble, un embarras !… Je conte ma maudite rencontre ; mes tribulations ; les violences de mes garnemens : au lieu d’in-

  1. Voyez le Conte de la Fontaine.