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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/674

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LE DIABLE AU CORPS.


après le souper.) Vous êtes cause qu’il s’est passé de belles affaires ce soir. — Quoi donc ? — Ne me parlez de votre vie. — Comment ! au lieu de me plaindre… Tendre amie ! (Je voulais embrasser : on me repousse rudement.) — Allez, Monsieur : il n’est plus tems… Si je savais que vous fussiez capable d’y avoir donné les mains… — Donné les mains ! À quoi, je vous prie ! Daignez vous expliquer.

Elle m’avoue tout. — Je demeure stupéfait. — J’entre en fureur. Pour la premiere fois de ma vie les affreux sentimens du soupçon et de la jalousie se font jour dans mon cœur… — Moi ! capable de donner les mains à cette abomination ! Mademoiselle, c’est bien plutôt vous, qui d’accord, pour me trahir, avec un perfide ami… — Le plus vigoureux souflet me coupe la parole, et des flots d’imprécations me sont prodigués. La mere entend quelque Bruit, accourt ; j’ai le nez saignant : elle suppose que j’ai tenté de faire quelque insulte à sa fille. Car celle-ci bouillait de colere, et jamais elle ne fut maîtresse de composer sa physionomie, sur laquelle sont durables les expressions de ses sentimens violens…

(À la Marquise.)


Eh bien, Madame ? Est-ce déja du bonheur que ce qui suit ma récente disgrace ?

LA MARQUISE.

Des coups, des injures dans votre situation ; tout cela pouvait n’être que de l’amour travesti. — Mais, le Baron ? je suis impatiente de savoir ce qu’il devient après sa bonne-fortune.