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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/698

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LE DIABLE AU CORPS.


que ce Rapignac, en impose avec impudence, est peu fait pour demeurer sous le même toît avec ces Dames ; mais cet aventurier est malheureux… À peine convalescent… on l’a reçu. À ces titres, on lui doit, sinon quelques ménagemens, du moins un peu de pitié… D’ailleurs s’étant flatté d’épouser Madame…

LE COMTE.

Pour cette seule audace, il mériterait de périr sous le bâton.

LA MARQUISE, souriant.

Allons, méchant : taisez-vous. On dirait que votre argent perdu vous tient encore au cœur ! — Dupeville ? poursuivez.

DUPEVILLE.

Trompé dans la plus séduisante espérance ; blessé par un juste retour de la justice céleste ; perdant à la fois toutes ses enveloppes ; à peine en état de se déplacer, il serait vraiment trop à plaindre si Madame le congédiait ignominieusement. Ne vaudrait-il pas mieux tempérer la rigueur de sa disgrace ? Me permettrait-on d’avoir avec lui quelques minutes d’entretien ? Je viendrais sans doute à bout de le déterminer à partir sans qu’il se doutât que son décri fût aussi complet, et sur-tout qu’il fût parvenu jusqu’à Madame…

LA MARQUISE.

Bien, Dupeville ; vous avez le cœur excellent.