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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/743

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LE DIABLE AU CORPS.

Pendant cette cure, la dépouille mortelle du pauvre Molengin a été enlevée et transportée dans son hôtel. Sur certains individus, l’impression des sens a seule du pouvoir. La nymphe des chœurs n’ayant plus sous les yeux l’hideux objet de son effroi, se rassure. Un déjeûner solide est servi. Ce nouveau topique acheve de la rétablir… Pour la clôture, le médecin et la malade vident un flacon de Madere à la santé du défunt : et, mieux encore, dans l’effervescence d’un unanime attendrissement sur son malheureux sort, ils retournent au boudoir et consomment une quatrieme passade pour le repos de son ame.

LA COMTESSE.

C’est faire, en vérité, trop d’honneur à ce fichu bandalaise. Toute sa vie, pourtant, il eut du bonheur le beau Molengin ! Mourir en foutant ! quelle félicité ! ô sort ! si je te suis chere, daigne un jour me favoriser d’un trépas aussi desirable !…





On est servi : ces Dames et le Prélat vont oublier en faisant une chere exquise, la lugubre anecdote de Molengin. — Le Comte, à son ordinaire, est charmant et fait des histoires à mourir de rire. Les sacrifices à Bacchus sont assez multipliés pour que les trois convives soient tout au moins en pointe, quand il est question de partir. Le retour à Paris se fait le plus gaiment du monde, non sans donner à la maligne engence des laquais matiere à de gaillardes réflexions sur ce qui pouvait se passer dans la voiture.

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