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Page:Nerciat - Le Diable au corps, 1803.djvu/817

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LE DIABLE AU CORPS.


un moment de s’ébattre, un sommeil pesant surprenait. Tel, provoqué par une Dame, ne pouvait faire honneur à ce flatteur desir, ou laissait la besogne à moitié faite. Telle était enfilée cahin-caha, sans savoir par qui, ses yeux n’ayant ni la force ni la curiosité de s’entr’ouvrir. Tels ronflaient enchevêtrés le plus plaisamment du monde. Le sallon avait l’air d’un champ de bataille où les armes et les blessures dégouttaient également du sang qui se verse à cette espece de boucherie…

Cependant, l’ingénieux Paillasse (s’éveillant après avoir dormi près d’une heure sur la superbe motte de la Vérité) s’avisa d’une facétie qui fit éclore un regain de luxure et tira tout le monde de son assoupissement. « Ne serait-il pas bien agréable (dit-il) de voir, dans ce moment, aux prises les vingt amours que nos endiablés parieurs ont violés ? Ces pauvres enfans ont fait une bien triste corvée, donnons-leur et donnons-nous par eux, un instant de plaisir ? — Oui-da (dit la Couplet qui ne goûtait gueres cette ouverture) Monseigneur l’entend fort bien pour son intérêt, mais le mien, de par le diable, ne trouve brin son compte à cette imagination. — Que sa grandeur… — Ma grandeur ! (en faisant une ridicule contorsion analogue à son costume), qu’en pensez-vous, mes amis ? (On ne put s’empêcher de rire d’un trait de respect si bien placé de la part de la matrône.) — Eh bien, foutre, puisqu’il