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Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/21

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Oh ! si le vers craintif de ma plume sorti,
Ou si l’expression qu’en tremblant j’ai tracée,
Osaient, indépendans, répondre à ma pensée,
Et palpiter du feu qu’en moi j’ai ressenti,….
Combien je serais fier de démasquer le crime,
Dont grandit chaque jour le pouvoir colossal,
Et, vengeant la patrie outragée et victime,
D’affronter nos Séjans sur leur char triomphal ! —
Mais on dit que bientôt, à leur voix étouffée,
Ma faible muse, hélas ! s’éteindra pour toujours,
Et que mon luth brisé grossira le trophée
Dressé par la bassesse aux idoles des cours….

*

Qu’avant ce jour encor sous mes doigts il s’anime !
Qu’il aille, frémissant d’un accord plus sublime,
Dans les cœurs des Français un instant réchauffer
Cette voix de l’honneur, trop long-temps endormie,
Que, dociles aux vœux d’une ligue ennemie,
L’intérêt ou la crainte y voudraient étouffer !