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Page:Nerval - Élégies nationales et Satires politiques, 1827.djvu/99

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— « Des lentilles ! grand Dieu ! repris-je, tout surpris.
» — Oui, Dentscourt ; tous diront que le mets est exquis ;
» Mais les montrer à nu serait une imprudence :
» Il faut adroitement en sauver l’apparence.
— « Je comprends, monseigneur, ai-je alors répondu :
» Je vais me signaler, et tout n’est pas perdu ;
» On verra si mon art brave les destinées,
» Ou si,dans les fourneaux, j’ai perdu trente années ! »

Cuisiniers, fournisseurs, l’honneur en est à nous :
Votre zèle m’annonce un triomphe bien doux.
Trop long-temps dans nos murs a régné l’anarchie,
Ces temps-là reviendraient ; sauvons la monarchie !
Et que notre bourgeois, grandi par nos succès,
Soit le restaurateur du royaume français.
De nos amis, qu’arrête une indigne épouvante,
Gorgeons la conscience affamée et béante ;
Et comme au triple chien qui garde les damnés,
Jetons-lui les gâteaux au sommeil destinés.

(Ils sortent.)



Scène II


M. DENTSCOURT, SON FRÈRE CADET.
LE CADET.

Mon frère, embrassez-moi ; pour mon cœur quelle fête
De vous revoir ici, quand si long temps…