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Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/52

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conquérants et les exterminateurs ne peuvent-ils pas abuser de la théorie sur l’arbre qu’on rajeunit et qu’on vivifie en l’émondant ? N’était-ce point là le thème des révolutionnaires de 93 ? Mais les vues qui terminent ce chapitre sont profondément vraies, parce qu’elles sont profondément chrétiennes : la paix universelle et perpétuelle suppose l’humanité restée dans un état d’innocence primitive ; l’humanité déchue suppose la guerre, car elle suppose dans tous les sens le combat, la lutte, la souffrance. En outre, la guerre, quoiqu’elle soit un grand mal, peut produire de grands biens : le sacrifice, le dévouement, l’expiation, la régénération. L’auteur soulève ici de formidables problèmes, qu’il résoudra plus tard dans un livre où toutes ses idées reçoivent leur dernière expression, et que nous retrouverons en entrant dans la littérature de la restauration.

Vous reconnaissez ici les tendances de la philosophie du comte de Maistre ; elle ne cherche point les objections, elle cherche les solutions. C’est la grande philosophie qui, au lieu de chicaner la Providence, s’efforce de s’élever à l’intelligence de ses desseins, et prend l’humanité telle qu’elle est, au lieu de supposer qu’elle est ce qu’on voudrait qu’elle fût. Le principe de cette philosophie de l’histoire fondée sur le catholicisme, c’est de commencer par être profondément convaincu qu’il y a une raison des événements comme une raison des choses, et de se servir des mystères de la religion, qui sont comme les clefs qu’on n’ouvre point, mais avec lesquels on ouvre tout, pour expli-