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Page:Nichault - Anatole.djvu/119

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passer et fut arrêté par un jeune homme qui lui dit :

— Ah mon ami ! dites-moi quelle est cette belle femme qui parle tout près d’ici à une petite fille aussi fort jolie ? J’arrive d’Allemagne, où mon père m’a laissé impitoyablement pendant un an, et je ne connais plus une de vos beautés à la mode.

À cette exclamation le chevalier reconnut l’effet que produisait ordinairement la première vue de madame de Saverny. Il la nomma à son admirateur, qui s’empressa de lui demander s’il ne pourrait pas le présenter chez elle.

— Non, certes, répondit le chevalier d’un air qu’il s’efforçait de rendre modeste ; je suis bien loin d’avoir assez d’intimité dans sa maison pour oser y présenter personne.

En disant cela il s’approchait de Valentine, qui venait de se lever dans l’intention de rejoindre sa voiture, il lui offrit de l’y conduire, et n’ayant point de bonnes raisons pour le refuser, elle fut contrainte de l’accepter. Le regret qu’elle en ressentait redoubla lorsqu’elle rencontra pour la seconde fois Anatole. Le désir d’éviter les plaisanteries du chevalier sur cette rencontre lui fit tourner la tête de son côté, et lui adresser la parole pour fixer son attention et l’empêcher de remarquer Anatole. Cette petite ruse réussit. Le chevalier, enchanté de se montrer à tout Paris, presqu’en tête-à-tête avec madame de Saverny, et plus heureux encore de la bonne grâce qu’elle mettait à lui parler, n’aperçut point Anatole ; Valen-