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Page:Nichault - Anatole.djvu/122

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tôt le plus grand crédit à la cour ; et l’on sait qu’aux yeux de M. de Nangis, avoir du crédit, c’était posséder toutes les qualités humaines.

D’après l’effet d’un sentiment délicat, que le chevalier sut bien faire valoir, il prévint le comte que rien ne l’engagerait à se déclarer à madame de Saverny, avant l’événement qui devait le mettre à portée de lui offrir une fortune digne d’elle. Cette réserve fut très-approuvée ; et M. de Nangis promit de récompenser tant de délicatesse, en donnant au chevalier les occasions les plus fréquentes de témoigner à Valentine le désir qu’il avait de lui plaire. C’est par suite de cette convention que M. d’Émerange se faisait conduire par le comte, dans tous les lieux où il savait rencontrer madame de Saverny, et qu’il s’assurait l’accueil que l’on ne peut refuser à un ami de sa famille. On présume bien que le chevalier avait fait promettre avant tout à M. de Nangis, de ne point mettre la comtesse dans la confidence, sous le prétexte assez plausible qu’elle n’en saurait pas garder le secret à sa belle-sœur. Mais l’habitude que M. de Nangis avait de traiter sa femme à peu près comme un enfant, rendait la recommandation inutile.

Valentine, loin de deviner ce qui se passait entre eux, se demandait souvent comment la gravité de son frère pouvait s’arranger de la conversation d’un ami aussi léger ; mais elle s’en étonnait moins en pensant à l’extrême facilité de M. d’Émerange, à