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Page:Nichault - Anatole.djvu/127

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d’une parente ou d’une amie ; après avoir rêvé aussi sérieusement à ce grand intérêt, que s’il s’agissait de tous ceux de l’Europe, le jour solennel arrivait et rien n’était décidé ; alors on se détermine à payer, deux fois sa valeur, la première chose venue, pour s’acquitter à temps d’un impôt d’autant plus exactement perçu, qu’il est mis sur l’amour-propre.

Madame de Nangis, placée auprès d’une table couverte de bonbons, de joujoux, recevait de l’air le plus gracieux la foule de courtisans qui venaient lui apporter leurs offrandes. Le plus ingénieux dans le choix de ses étrennes avait l’honneur de les voir passer à la ronde, et d’entendre toutes les femmes se récrier sur son bon goût ; l’objet de cette admiration n’était souvent que de la moindre valeur ; car, en ce genre, le génie de la nouveauté est tout, et l’on remarquait de vieux parents fort déconcertés de voir leurs solides cadeaux reçus avec indifférence, tandis qu’un almanach ou un pantin excitait la reconnaissance la plus vive. Le comte de Nangis éprouva ce désagrément dans toute sa rigueur ; il avait imaginé de donner à sa femme une boîte à ouvrage la plus riche et la plus complète ; c’était à peu près le seul bijou qu’elle n’eût pas, et le comte était ravi d’en avoir fait la découverte ; mais madame de Nangis l’eut à peine remercié de son présent, qu’elle dit à ses amies :

— Que vais-je faire de cette boite à ouvrage, moi qui ne travaille jamais !