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Page:Nichault - Anatole.djvu/132

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semblable confidence, il faut avoir l’esprit libre et paraître tout occupé de ce grand intérêt. En pareil cas, la moindre distraction est un crime ; et la marquise se méfiait trop de son attention pour s’exposer au ressentiment d’un auteur tragique.

Elle venait de rentrer dans son appartement, et mademoiselle Cécile commençait déjà à la déshabiller, lorsqu’un joli petit chien, de race anglaise, vint sauter après elle, et lui faire mille caresses. Elle demanda comment il se trouvait là. Mademoiselle Cécile répondit d’un air fort naturel, qu’ayant entendu aboyer près de la petite porte du jardin, la curiosité l’y avait conduite.

— C’est là, ajouta-t-elle, que j’ai trouvé ce joli chien, qui a probablement perdu son maître en entrant dans le jardin, pendant que le jardinier en avait laissé la porte ouverte. J’ai d’abord regardé dans la rue si quelqu’un le cherchait ; mais n’ayant vu personne, et la nuit commençant à venir, je n’ai pas voulu exposer un si joli petit animal à être volé par quelques passants qui le maltraiteraient peut-être. J’ai pensé que madame voudrait bien le garder jusqu’au moment où son maître le réclamerait.

La marquise approuva l’action charitable de mademoiselle Cécile, et témoigna le désir de garder le chien, qu’elle trouvait charmant, et qui semblait déjà s’attacher à elle. Mais sa conscience ne lui permettait pas de se l’approprier avant d’avoir fait toutes les démarches qui devaient le rendre à son véritable