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Page:Nichault - Anatole.djvu/137

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particulière où se trouvait le beau mausolée de cet infortuné duc d’Orléans, assassiné par le duc de Bourgogne, et si vivement regretté par cette femme adorable dont il avait souvent trahi l’amour. En considérant les traits nobles et doux d’une statue en marbre, aux pieds de laquelle on voyait un arrosoir penché et versant de l’eau en forme de larmes, la marquise reconnut bientôt l’intéressant auteur de cette devise : « Rien ne m’est plus ; plus ne m’est rien. » Émue par le souvenir des malheurs de Valentine de Milan, elle ne put supporter l’idée d’en entendre le récit de la bouche de l’homme qui l’accompagnait, et elle se mit à raconter elle-même à sa nièce, comment cette vertueuse princesse avait succombé à la douleur de n’avoir pu venger la mort de son époux. Isaure demanda alors ingénuement, si elle n’aurait pas mieux fait de pardonner.

— En effet, reprit la marquise, c’eût été plus digne d’elle et plus heureux pour ses enfants, qui l’auraient peut-être perdue moins jeune ; car le plaisir de faire grâce doit faire vivre plus longtemps que celui de se venger ; mais on n’a pas le droit de lui reprocher un tort qui lui coûta la vie, et que tant de bonnes actions rachetèrent.

En cet instant, le démonstrateur un peu piqué de voir madame de Saverny empiéter sur ses droits, se retira vers la grille de la chapelle ; et la marquise profita de ce moment de liberté pour examiner à son aise le monument érigé à la mémoire des vertus et