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Page:Nichault - Anatole.djvu/140

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XXIV


L’étourderie naturelle à l’âge d’Isaure lui empêcha de remarquer que sa tante revenait sans le voile de mousseline qu’elle lui avait vu le matin ; mais mademoiselle Cécile, dont l’esprit d’ordre allait parfois jusqu’à la tyrannie, ne manqua pas de demander à sa maîtresse, d’un ton respectueusement impérieux, ce qu’elle avait fait de son voile. La marquise lui répondit, avec le trouble d’une enfant qui ment à sa gouvernante, qu’elle n’en savait rien.

— Ah ! je devine, madame l’aura sûrement oublié dans sa voiture. Et, sans perdre de temps, mademoiselle Cécile descend dans la cour, retourne tous les coussins de la berline, et ne trouvant rien, finit par conclure que la marquise aura laissé son voile dans l’église de Saint-Denis ; elle veut absolument qu’un domestique monte à cheval pour l’aller chercher, mais on refuse tout net de lui obéir, en répondant qu’on ne fera ce voyage que par les ordres de madame ; et la marquise est obligée d’employer son autorité pour s’opposer au zèle de mademoiselle Cécile, en disant que ce voile ne vaut pas tant de recherches, et qu’il est inutile d’en faire de nouvelles.

On se doute bien que, le soir même de ce beau jour pour Anatole, Valentine reçut une lettre où le re-