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Page:Nichault - Anatole.djvu/150

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le bonheur de toute votre famille. J’ai promis de répondre à cette honorable preuve de confiance par tout le zèle qui pourrait m’en rendre digne. En véritable diplomate, je me suis bien gardé de nier l’influence que l’on me croyait sur la grande puissance que l’on voulait soumettre ; car j’ai remarqué que les professeurs en ce genre aimaient mieux compromettre leur crédit que d’en laisser douter ; et vous voudrez bien, j’espère, ne pas démentir une réputation dont je suis aussi fier.

— Quoi, vous seriez député par mon frère pour me parler mariage.

— Précisément.

— Et c’est sur les avis de votre sagesse que l’on fonde l’espérance de me faire faire une folie ?

— Pourquoi pas ? Ce ne serait pas la première fois que ma sagesse aurait aussi bien réussi.

— Eh bien, je veux la mettre à l’épreuve dans cette circonstance, et m’en rapporter à tout ce qu’elle décidera. Je verrai quels seront ses arguments pour me prouver que je dois épouser l’homme du monde qui me convient le moins ?

— Qu’il vous convînt, ou non, si vous l’aimiez, comme je l’ai cru un moment, vous trouveriez mes arguments admirables. Mais il n’est point question ici de vos sentiments. Un homme bien né, beau, riche et spirituel, vous offre sa main. Tant d’avantages réunis ne vous laissent qu’un seul motif de refus. Je sais que vous pourrez parlez de la crainte