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Page:Nichault - Anatole.djvu/17

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rendait le fils aîné possesseur de tous les revenus, et le mettait en état de soutenir dignement son rang à la cour. M. de Saverny, après avoir vainement combattu la résolution de son ami, pour en détruire l’effet, demanda la main de la pauvre Valentine ; et tout s’est arrangé pour le mieux. Après deux ans de soins et de résignation, elle est devenue la riche héritière d’un mari trop vieux pour être longtemps regretté ; et M. de Nangis profite sans scrupule de l’injustice de son père.

— Je vois que tout le monde s’est fort bien conduit dans cette affaire-là, le défunt surtout : son dernier procédé met le comble à mon estime.

— Si vous saviez tout ce que sa mort a coûté de larmes aux beaux yeux de madame de Saverny, vous n’en parleriez pas si légèrement ; elle en était encore bien affligée lorsque je la quittai l’été dernier, et cependant elle avait déjà porté plus de huit mois le deuil ; je voulais alors l’emmener à Paris, elle s’y refusa, et je n’en pus obtenir que la promesse de venir s’établir ici à la fin de son deuil. Je vois avec plaisir qu’elle me tient parole. Sa présence me sera d’une grande ressource cet hiver, car je n’aime point à aller seule dans le monde, et encore moins à y suivre M. de Nangis, dont la gravité se croirait compromise, si l’on pouvait le soupçonner d’être quelque part pour son plaisir.

— En effet, reprit le chevalier, je me suis souvent demandé quel avantage il trouvait à passer ainsi sa