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Page:Nichault - Anatole.djvu/184

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cacher sa peine à tous les yeux. Dans ce dessein, elle écrivit au commandeur qu’un obstacle imprévu l’obligeait à renoncer au projet d’aller en Italie ; qu’elle était à la veille de partir pour Saverny, où une affaire importante la rappelait, mais qu’elle désirait vivement le voir avant de s’éloigner de Paris. Le domestique chargé de porter ce billet eut ordre de n’en remettre la réponse qu’à la marquise elle-même. Cette réponse se fit attendre jusqu’à dix heures du soir ; le domestique s’excusa de la rendre aussi tard, en disant qu’il s’était cru obligé d’aller jusque chez madame de Réthel, à Auteuil, ou M. de Saint-Albert devait dîner. Il ajouta, qu’en sortant de table le commandeur avait été pris subitement d’une attaque de goutte qui l’avait forcé de se mettre au lit. Le billet était écrit de la main de madame de Réthel, qui donnait à Valentine les détails de ce fâcheux accident, et l’engageait à venir s’établir quelques jours à Auteuil, pour adoucir par sa présence les maux de leur vieil ami. La plus sincère affection, la reconnaissance, tout faisait un devoir à Valentine de se rendre à cette invitation qui lui offrait en même temps une occasion de prodiguer ses soins au seul protecteur qui lui restât, et un prétexte de s’éloigner de la maison de son frère.

Elle résolut de partir le lendemain, de grand matin, pour qu’on ne s’étonnât point dans la maison de ne lui voir faire ses adieux à personne, et chargea mademoiselle Cécile d’instruire les gens de la com-