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Page:Nichault - Anatole.djvu/200

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blâmeraient, s’ils vous voyaient braver dans le grand monde l’injustice de votre famille, ne manqueraient pas d’interpréter fort mal le motif qui retarderait votre présentation à la cour. Il y a tant de gens qui s’y feraient porter à l’agonie pour une semblable cérémonie, que vous ne leur persuaderez jamais qu’on s’en dispense volontairement ; ils trouveront bien plus simple de supposer qu’on vous exclut de la cour que de croire aux raisons qui vous en éloignent.

En lui tenant ce discours, le commandeur savait déjà tous les bruits qui circulaient sur le compte de Valentine. La princesse de L… venait de les lui mander en lui marquant qu’elle ne saurait y ajouter foi avant de les entendre confirmer par lui. On devine bien que, malgré ses souffrances, M. de Saint-Albert ne perdit pas un moment pour aller convaincre la princesse de l’innocence de Valentine, et la conjurer d’accorder à cette intéressante victime de l’envie et de l’injustice toute la protection qu’elle méritait. C’est dans la certitude que la princesse de L… partagerait l’indignation qui le transportait contre les ennemis de la marquise, et qu’elle prendrait hautement sa défense, qu’il engageait Valentine à paraître à la cour. Il pensait que l’appui d’une personne aussi justement révérée devait servir d’égide contre les traits de la méchanceté ; mais si la protection des princes est un grand titre à la bienveillance du souverain, elle en est un plus grand à la