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Page:Nichault - Anatole.djvu/203

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prétendues aventures, excita les clameurs de toute la brillante société de Paris. Plusieurs femmes d’un rang distingué furent sollicitées, par ces officieuses personnes que l’on trouve partout, pour tâcher de faire parvenir aux oreilles de la reine les bruits qui couraient sur madame de Saverny. Mais quand on avait l’honneur d’approcher souvent de la reine, on savait avec quel mépris elle recevait toute espèce de dénonciation de ce genre ; d’ailleurs c’était madame la princesse de L… qui devait présenter elle-même la marquise, et toutes les tentatives de la méchanceté échouaient devant cette marque de considération particulière.

Le dépit de ne pouvoir réussir à éloigner Valentine de la cour, redoubla la curiosité de voir l’accueil qu’elle y recevrait, et toutes les personnes qui par leur rang pouvaient y être admises ne manquèrent point à cette cérémonie. Déjà les galeries de Versailles étaient remplies de courtisans dont l’ironie s’exerçait, en attendant mieux, sur la famille de M. de Nangis, sans s’apercevoir que le comte était là très à portée de les entendre. Après y avoir bien réfléchi, il n’avait pas cru pouvoir se dispenser d’assister à la présentation de sa sœur, surtout en pensant qu’on l’avait accordée à sa sollicitation. Mais il avait conjuré la comtesse de n’en pas être témoin, pour éviter disait-il, l’embarras d’une entrevue désagréable, et l’inconvénient d’offrir à toute la cour le spectacle de leur désunion.