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Page:Nichault - Anatole.djvu/212

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je ne me sens pas la force de vous en voir souffrir.

La première des consolations est d’en pouvoir offrir, et Valentine, en s’efforçant de consoler son ami des chagrins qui la désolaient, finit aussi par en être moins oppressée. Elle lui parla sans contrainte de son amour, et lui avoua qu’elle doutait que l’absence et le temps parvinssent à en triompher.

— Eh bien, faites-en toujours l’épreuve, reprit le commandeur ; et, s’il est vrai que votre constance sache braver ces deux grands ennemis de l’amour, vous aurez peut-être le courage d’être heureuse en dépit de tous les obstacles.

Malgré le mystère répandu dans cette dernière phrase, Valentine sentit qu’elle ranimait sa vie en lui rendant quelque espoir. Dès ce moment, elle promit au commandeur de surmonter sa faiblesse, et se prêta de bonne grâce à tous les moyens qu’il imagina pour la distraire. L’ingénieuse bonté de madame de Réthel en inventait chaque jour de nouveaux ; mais Valentine refusait obstinément de jouir d’autres plaisirs que de ceux de la campagne. Le récit qu’elle avait fait à madame de Réthel de sa soirée de Versailles, lui donnait bien le droit de fuir le grand monde ; et le commandeur était d’avis qu’elle laissât passer ce premier feu de méchanceté, qui s’éteint comme tant d’autres, quand il n’est pas alimenté par la présence de l’objet qui l’excite. Ainsi Valentine passa l’été chez madame de Réthel, dans cette retraite agréable, où les charmes de l’esprit et les