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Page:Nichault - Anatole.djvu/214

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Ce billet contenait une invitation de la princesse de L…, qui priait le commandeur d’employer tout son ascendant sur Valentine, pour l’engager à venir souper chez elle le surlendemain. C’était le jour de sa fête, et elle ajoutait dans les termes les plus affectueux, qu’elle douterait de l’amitié de Valentine, si elle ne venait pas se joindre aux amis qui devaient la fêter. Le commandeur n’eut pas besoin d’insister pour faire sentir à Valentine combien un refus de sa part serait déplacé dans cette circonstance ; et il fut convenu entre eux et madame de Réthel, qu’on se rendrait le surlendemain à Paris, d’assez bonne heure, pour aller voir le salon des tableaux dont on venait de faire l’exposition au Louvre ; et qu’après avoir dîné chez le commandeur, on se rendrait chez la princesse. Ce ne fut pas sans beaucoup d’émotion que Valentine passa devant l’hôtel de Nangis, pour se rendre au Louvre. Mais elle en éprouva bien davantage lorsqu’elle entra dans ce palais des arts et du génie. Ses yeux furent d’abord éblouis par le mélange de ces vives couleurs, dont les jeunes élèves se plaisent à recouvrir les défauts de leurs dessins, sans penser qu’ils ne tirent d’autre avantage de ce charlatanisme, que d’absorber l’effet des tableaux des grands maîtres. Son bon goût admira les premiers essais de ces beaux talents qui devaient un jour faire l’orgueil de la France. Elle envia au pinceau d’une femme charmante cette grâce enchanteresse qui, dans chacun de ses portraits, semblait