Aller au contenu

Page:Nichault - Anatole.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tesse avait eu l’imprudence d’emmener avec elle la jeune baronne de Tresanne, dont la beauté commençait à faire autant de bruit que les extravagances. La certitude de la rencontrer à Varennes était entrée pour beaucoup dans la promesse que M. d’Émerange avait faite à madame de Nangis de l’y suivre. Deux jours s’étaient à peine écoulés que la plus parfaite intimité régnait déjà entre le comte et la jolie baronne ; mais ce n’était pas sans conditions que madame de Tresanne s’était décidée à récompenser d’avance l’éternel amour que lui avait juré M. d’Émerange. Le sacrifice de madame de Nangis en avait été la première récompense, et il fut résolu entre eux qu’après avoir satisfait aux devoirs d’usage en pareil cas, le comte se dégagerait sans retour d’une chaîne importune. Déjà plusieurs tentatives lui avaient prouvé la difficulté de réussir. La comtesse était moins résignée que jamais à perdre les avantages d’une liaison qui coûtait aussi cher à sa conscience qu’à son repos, et madame de Tresanne, prévoyant bien que les ménagements du comte ne serviraient qu’à prolonger l’erreur de sa victime, feignit de s’irriter de tant de complaisance, et déclara positivement à M. d’Émerange qu’elle aimait mieux céder l’empire de son cœur que de le partager plus longtemps. Cette menace produisit tout l’effet qu’elle en pouvait attendre ; la crainte de voir s’échapper sa nouvelle conquête avant de l’avoir constatée publiquement, soumit les volontés du