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Page:Nichault - Anatole.djvu/263

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désespoir à la joie, madame de Nangis oublia tout ce qu’elle avait promis à Valentine pour se livrer sans réserve à l’excès de sa reconnaissance.

— Ah ! mon amie, lui disait-elle, disposez de l’existence qui nous est rendue ; c’est à vos vœux que le ciel l’accorde, sa justice devait me punir en m’arrachant le seul lien qui m’attache à la terre ; mais, en adoptant ma fille, en protégeant sa mère, vous avez obtenu sa vie et mon pardon : tant de bienfaits n’étaient dus qu’aux célestes vertus d’un ange.

À la vue d’un bonheur qui était en partie son ouvrage, Valentine recueillit le fruit de tous ses sacrifices, et se félicita d’avoir acquis, par sa générosité le droit de ramener à tous les charmes d’une vie douce et pure, l’amie que tant d’erreurs semblaient condamner à d’éternels chagrins. Mais, tout en se livrant au désir d’adoucir le sort de sa belle-sœur, Valentine voulait rester fidèle à sa promesse envers son frère ; et voilà ce qu’elle imagina pour concilier ces deux intérêts. En faisant le serment de ne jamais se séparer d’Isaure, elle ne s’était point engagée à la priver des soins étrangers que pourrait exiger son éducation, et rien ne l’empêchait de les partager avec madame de Nangis, pourvu que cette dernière consentît à ne pas abuser de son autorité maternelle. Cette condition une fois remplie, Valentine proposa à sa belle-sœur d’habiter un petit appartement attenant au sien, où elle pourrait accomplir facilement le vœu de retraite absolue qu’elle avait formé. Avant