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Page:Nichault - Anatole.djvu/268

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En disant ces derniers mots, le visage de Valentine s’anima des plus vives couleurs, et son regard brilla du feu de l’enthousiasme. Le commandeur surpris de l’air inspiré qu’il remarquait en elle, la considéra quelque temps en silence, puis se levant tout à coup, il la quitta pour se rendre auprès d’Anatole.

Deux heures après, la marquise reçut le billet suivant :

« Votre bonheur est décidé, madame, et vous daignez encore vous occuper du mien ! Tant de bonté ne m’étonne pas. J’y voudrais répondre en vous obéissant ; mais vous m’ordonnez en vain d’être heureux. Le ciel moins généreux que vous, me défend d’y prétendre, et la fin de mes tourments est l’unique vœu qu’il me permette désormais de former. Ah ! puisse-t-il bientôt l’accomplir, en me laissant pour dernière pensée le souvenir du seul moment où j’aie aimé la vie ! »

À peine Valentine a-t-elle achevé la lecture de ce billet, qu’elle fait demander si M. de Saint-Albert est de retour. On lui répond qu’il vient de rentrer ; elle se rend aussitôt près de lui, et, sans perdre de temps, elle le prie de lui dire franchement comment Anatole a reçu la nouvelle qu’il vient de lui porter. Le ton décidé qui accompagnait cette prière en faisait presque un ordre, et le commandeur pensa qu’il fallait qu’un sentiment violent agitât Valentine pour altérer ainsi la douceur de sa voix. Il essaya d’abord de lui