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Page:Nichault - Anatole.djvu/31

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— L’année prochaine ! mais tu seras bien jeune encore.

— Pas si jeune, j’aurai sept ans. Miss Birton dit qu’à cet âge-là on n’est plus un enfant.

— Qu’est-ce que c’est que miss Birton ?

— C’est une nouvelle gouvernante que maman m’a donnée pour m’apprendre l’anglais ; mais je ne crois pas qu’elle reste longtemps ici ; elle se plaint toujours.

— Tu ne lui obéis peut-être pas assez ?

— Ce n’est pas cela qui la fâche ; mais elle dit qu’on n’a point assez d’égards pour elle : par exemple, hier on ne l’a pas invitée au concert ; et elle m’a grondée toute la soirée. Je pourrais bien la faire gronder aussi, moi, si j’allais répéter tout ce qu’elle disait hier de maman.

— Ce serait une méchanceté dont j’espère qu’Isaure est incapable ; c’est déjà trop de me le dire.

Tout en écoutant le bavardage de sa nièce, madame de Saverny s’habillait, et se disposait à se rendre chez sa belle-sœur pour s’informer de ses nouvelles ; mais Isaure lui apprit que l’on n’entrait jamais chez sa mère avant midi, elle ajouta :

— Je vais voir si mon papa est dans son cabinet. Je le préviendrai de votre réveil, et nous viendrons déjeuner avec vous.

Elle revint bientôt accompagnée de M. de Nangis, qui se livra tout entier au plaisir de revoir sa sœur. Il s’excusa de n’avoir pu le lui témoigner la veille.