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Page:Nichault - Anatole.djvu/42

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ner d’un tort dont elle se donnait toutes les apparences.

Le retour de M. de Nangis termina toute discussion ; il avait dîné chez l’ambassadeur d’Espagne, où l’on avait beaucoup parlé de madame de Saverny : son frère la félicita d’avoir fait la conquête la plus difficile ; celle du vieux commandeur de Saint-Albert.

— C’est un homme bizarre, dit le chevalier, mais qui n’a jamais manqué de goût.

— Il ne l’use pas, repartit la comtesse, car il n’aime personne.

— Si vous l’aviez entendu parler de Valentine, reprit M. de Nangis, vous auriez meilleure idée de son cœur.

— Il me semble, ajouta le chevalier, qu’il ne devait pas moins à madame, pour la complaisance qu’elle a eue de l’écouter toute une soirée.

— Ce n’était point par complaisance, répondit Valentine, je puis vous l’assurer, sa conversation a je ne sais quel attrait de franchise qui la rend très-attachante.

— Il est certain, interrompit la comtesse, que si vous mettiez du blanc, il n’aurait pas manqué de vous le dire, car il n’a jamais gardé le secret d’une chose désagréable.

— Il paraît, reprit M. de Nangis, que Valentine l’a corrigé du défaut de médire, car, après en avoir fait l’éloge, il a ajouté que c’était la première femme qu’il eût jugée digne de tourner la tête d’un honnête