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Page:Nichault - Anatole.djvu/44

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mer que le lendemain de cette petite scène, elle aurait la migraine, et il n’envoya même point savoir de ses nouvelles. Ce procédé faillit la rendre vraiment malade, et quand M. de Nangis vint la conjurer, le surlendemain, de ne pas manquer à l’engagement qu’elle avait pris de dîner le même jour chez une de leurs vieilles parentes, elle eut besoin de tout son courage pour se résigner à remplir un devoir aussi ennuyeux.

Valentine la voyant un peu souffrante, lui donna tous les soins de la plus tendre amitié, et s’offrit de l’accompagner. On partit de bonne heure, pour se conformer à l’ancienne habitude qu’avait la présidente de C…, de dîner à l’heure du Marais ; et l’on arriva bientôt dans la cour de l’hôtel le plus gothique et le plus triste de Paris. Un vieux laquais, posté au haut d’un grand escalier, donna le signal de l’arrivée de la comtesse, et l’on vit aussitôt un grand nombre de serviteurs invalides s’empresser d’ouvrir avec peine les battants d’une longue enfilade de portes. Les convives, déjà réunis autour du fauteuil de la présidente, offraient l’image la plus imposante d’une assemblée de famille dont on aurait exclu les jeunes héritiers. Valentine fut accueillie par ce cercle vénérable avec tout le cérémonial d’une présentation. La présidente la traitait avec la considération que méritait à ses yeux la veuve d’un vieux gentilhomme, et se contentait de parler à madame de Nangis, avec l’air protecteur qu’on a pour un enfant.