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Page:Nichault - Anatole.djvu/54

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d’ami à qui il fût arrivé une semblable aventure ; et les questions de Valentine n’eurent pas plus de succès que les démarches de son frère. Pour expliquer ce mystère, on décida que Richard s’était trompé en croyant ce jeune homme grièvement blessé, et que c’était probablement un étranger qui ne devait pas séjourner à Paris, et que les suites de cet événement n’y avaient pas retenu. Cette explication suffit à tout le monde, excepté à Valentine, qui ne la trouva pas assez positive pour la dispenser de toutes recherches. On lui dit que le commandeur de Saint-Albert avait envoyé son valet de chambre s’informer de l’état où elle se trouvait, quelques moments après qu’on l’eut ramenée de l’Opéra. Cette circonstance la frappa, elle était sûre de n’avoir point vu le commandeur au spectacle ; et il n’y avait à la sortie que les deux personnes dont elle désirait tant savoir le nom : elle pensa donc que le commandeur n’avait pu être aussitôt instruit de sa chute que par le récit de l’une de ces deux personnes, et conçut l’espérance d’apprendre de lui tout ce qui pouvait satisfaire sa curiosité. Le motif en était trop noble pour le cacher ; et Valentine écrivit un billet au commandeur, pour l’inviter à venir la voir un instant. Mais on fit répondre qu’il était à la campagne, et n’en reviendrait que dans huit jours. Il fallut se résigner à attendre, et peut-être à paraître ingrate, lorsqu’on était pénétrée d’une si vive reconnaissance.

Le chevalier d’Émerange n’avait pas manqué cette