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Page:Nichault - Anatole.djvu/91

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fait venir d’Espagne, et qu’il ne croyait pas qu’il y en eût d’aussi grand en France.

En sortant de chez la princesse, madame de Saverny se rendit chez la présidente de C…, où devait se trouver madame de Nangis. Elles y passèrent toutes deux le reste de la journée ; et lorsque Valentine rentra chez elle, le premier objet qui frappa sa vue fut un jasmin semblable à celui qu’elle avait, admiré le matin même chez la princesse de L… : elle reconnut jusqu’au vase qui le contenait, et ne douta pas un instant que la princesse ne lui en eût voulu faire le sacrifice. Pour mieux s’en assurer, elle demanda à sa femme de chambre de quelle part on l’avait apporté ; mais mademoiselle Cécile, qui avait toujours le talent d’ignorer ce qu’elle ne voulait pas dire, répondit que deux hommes qu’elle avait pris pour des jardiniers l’avaient déposé dans l’antichambre, en recommandant de le placer auprès du lit de madame. Cette réponse affermit Valentine dans l’idée que la princesse, ayant remarqué son admiration pour cet arbuste, avait voulu s’en priver pour elle. C’était à ses yeux une indiscrétion de plus que de l’accepter, et cependant comment refuser un sacrifice offert avec tant de délicatesse ? Après s’être vivement reproché tout ce qu’elle croyait avoir dit et fait d’inconvenant depuis plusieurs jours, Valentine décida qu’elle irait le lendemain, au lever de la princesse, la remercier de son aimable attention, et la conjurer au nom de l’ambassadeur, qu’elle privait