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Page:Nichault - Anatole.djvu/97

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mademoiselle Cécile entra, remit une lettre à sa maîtresse, et la marquise changea de projet.

À la seule vue de l’adresse, Valentine reconnut l’écriture, et rougit ; elle hésita quelque temps à rompre le cachet ; et voyant que mademoiselle Cécile ne se disposait point à sortir, elle demanda si l’on attendait la réponse.

— Non, madame, répondit Cécile, cette lettre est venue par la poste, mais j’attends, pour savoir les ordres de madame, et quelle robe je dois lui apprêter.

— Je m’habillerai plus tard, reprit avec impatience la marquise.

— Madame ne dînera donc pas aujourd’hui chez madame la comtesse, car le maître d’hôtel vient de me dire que l’on était au moment de servir.

— Non, je resterai chez moi : faites dire à ma belle-sœur qu’une légère indisposition m’y retient.

— Si madame est malade, je puis en prévenir le docteur Petit ; je viens de le voir entrer, il n’y a qu’un instant, chez madame de Nangis.

— Gardez-vous en bien ; je n’ai besoin que de repos et ne veux être troublée par personne.

Ces derniers mots furent dits d’un ton à prouver à mademoiselle Cécile qu’on ne faisait point d’exception pour elle. Aussi s’empressa-t-elle d’aller remplir sa commission, tout en méditant sur l’émotion qu’elle avait remarquée dans les yeux de sa maîtresse en lui remettant cette lettre, et sur le désir qu’elle avait si franchement manifesté de la lire sans témoin.