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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/118

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seau cette réflexion profonde, et il faut s’aveugler volontairement pour n’être pas frappé de la raison qui l’a dictée.

Quelques instant après le récit de Lise, Philippe entra pour me remettre le poëme de la Henriade que j’avais prêté la veille à Caroline, avec plusieurs autres livres de ma bibliothèque ; elle me faisait dire que sûrement je m’étais trompée en lui envoyant un ouvrage de ce genre. Je reconnus à ce nouveau scrupule le fruit des leçons de l’abbé ; je me mis à rire, et le domestique partit sans d’autre réponse. À l’heure du dîner, je descendis plus tard qu’à l’ordinaire, ma belle-mère m’en fit le reproche, et madame de Gercourt se chargea de m’excuser en disant :

— Madame d’Estell a certainement été retenue par quelques occupations sérieuses et utiles à sa fille ; je voudrais être assez dans sa confidence pour qu’elle me fît part du plan d’éducation qu’elle a formé pour l’intéressante Emma.

Je me sentais mal disposée, elle était cause de mon humeur et je lui répondis avec peu de ménagement en lui disant :

— Vous êtes dans l’erreur, en me soupçonnant tout l’esprit qu’il faut pour faire de longs traits de morale fort appréciés par les gens instruits, mais toujours ennuyeux pour les enfants : ils rassemblent