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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/157

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leur que j’en éprouvai me fit jeter un cri ; sir James en fut effrayé, le saisit et le lança avec violence à l’autre bout du salon. Emma, sans paraître s’apercevoir qu’il l’avait brisé, s’écria :

— Pauvre maman ?

Lui me demanda aussitôt si je n’étais pas blessée ?

— Non, lui répondis-je ; je ne souffre pas, à beaucoup près, autant qu’hier.

À ces mots, il s’empara de ma main, la serra et me regarda comme pour implorer son pardon. Alors Lucie qui n’avait point été témoin de cette petite scène, arriva, et nous nous mîmes à table. Au dessert, M. Bomard nous dit :

— Je suis chargé de vous présenter une requête ; il ne s’agit rien moins que de la signature d’un contrat de mariage, et j’espère que vous ne refuserez pas cette faveur à de jeunes époux unis par sir James.

— Est-il bien vrai, mon frère ? Quoi ! c’est vous qui faites des mariages, dit Lucie d’un air étonné ?

Sir James lui répondit par un sourire, et M. Bomard reprit :

— Oui, madame, c’est lui, et malgré tout ce que mon récit va faire souffrir à sa modestie, je veux le condamner à l’écouter pour le punir de sa discrétion envers moi. Vous connaissez la petite Jeannette (à ce nom je me rapprochai de lui pour ne pas perdre une de ses paroles), elle est gentille, bonne, continua-t-il ;