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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/167

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je eu la force de me traîner auprès de Lucie. Il faut croire que ma pâleur était effrayante, car sir James en a été frappé.

— Ô ciel ! a-t-il dit, en me voyant, seriez-vous dangereusement malade ?

— Non, lui ai-je répondu, je ne suis qu’un peu indisposée.

— Laure, reprit-il du ton le plus touchant, ne nous cachez pas vos souffrances, et si quelque chagrin en est la cause, ne nous ôtez pas la douceur de le partager.

À ces mots deux larmes s’échappèrent de mes yeux :

— Vous pleurez, ajouta-t-il, le bonheur de ces époux réveille vos souvenirs douloureux : ah ! vous ignorez à quel point votre douleur déchire mon âme !

Il me plaignait, Juliette ; la pureté de son cœur ne lui permettait pas de me croire affligée d’un autre malheur que de celui dont il m’a vue si souvent occupée. Qu’aurait-il pensé de moi, s’il avait su combien j’étais indigne de son tendre intérêt ? s’il avait deviné que cette femme dont il déplorait le sort, était encore plus à plaindre par tout ce qu’elle souffre pour lui, que par ses regrets ; mais il était loin de me croire aussi coupable, et j’espère le laisser toujours dans cette erreur.