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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/171

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— L’air de Savinie est sûrement contraire à madame d’Estell, car je la trouve extrêmement changée ; et je crains que tous les plaisirs qu’elle y goûte ne l’y retiennent trop longtemps pour les nôtres et pour sa santé.

— Votre crainte est obligeante, madame, répondit sir James ; mais je la crois mal fondée. Madame d’Estell nous a déjà menacés de son départ, et l’indisposition de madame de Varannes va probablement le hâter.

— J’en suis fâchée pour vous, milord, mais je le souhaite.

En disant ces mots la voiture s’éloigna, et je restai toute stupéfaite des dernières paroles de madame de Gercourt. J’ai cherché à les interpréter de différentes manières, toutes m’ont laissé de l’incertitude ; et je me suis seulement promis d’échapper autant qu’il me serait possible à sa pénétration.

Après cette visite, je ne restai plus qu’un quart d’heure dans le salon. Pendant ce temps, sir James parla beaucoup de l’abbé de Cérignan : il fit l’éloge de sa conversation, dit qu’elle était instructive et amusante, lui reprocha sa causticité et l’assurance avec laquelle il tranche sur tout. Enfin, il s’occupa entièrement de lui. Lucie voyant que je souffrais, m’a engagée à prendre quelque repos, j’ai profité de son offre et suis montée dans mon appartement, non