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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/214

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selle Caroline, guérie d’une passion profane, vienne expier dans la solitude la honte d’avoir pu s’y livrer un instant, que de passer sa vie à combattre un amour malheureux, ou de la consacrer à un impie. Réfléchissez sur cette dernière raison, et je suis convaincu qu’elle ne tardera pas à vous ranger de notre avis.

Je compris parfaitement que cet impie était James, et qu’il voulait me faire entendre que, pour mon intérêt, je devais souhaiter que Caroline renonçât à lui plaire : cette méchanceté m’aurait troublée dans un autre moment ; mais frémissant du sort qui attendait Caroline, je ne pensai qu’aux moyens de l’y soustraire, et, m’adressant à ma belle-mère :

— Je devine le motif qui vous guide, répliquai-je ; la fortune de Caroline ne vous permet pas d’espérer pour elle une alliance digne de votre maison : Eh bien, disposez d’une partie de mes biens ; ma fille ne me reprochera jamais l’usage que j’en aurais fait, si elle sert à arracher une victime au malheur et à l’oppression. Confiez-moi pour quelque temps cette fille que je chéris comme ma sœur, et à qui la nature n’a permis de se séparer de vous que pour faire le bonheur d’un époux et remplir à son tour les devoirs d’une mère. S’il est nécessaire de la distraire par de nouveaux objets de ceux dont elle est environnée depuis six mois, (dis-je en regardant l’abbé), et dont