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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/224

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ai prévu cet affreux malheur, je concentre ma peine, pour ne m’occuper que des secours à porter aux infortunés qui m’entourent. Je n’ai pas le temps de te donner des détails sur cet événement horrible ; lis les deux copies de lettres que je t’envoie, elles suffiront pour l’instruire.



XLVII

CAROLINE À LAURE.


Je vous ai offensée, Laure ; vous devez me haïr, et pourtant je tombe à vos genoux pour implorer votre pitié. Apprenez mon crime, mon désespoir, et donnez à ma mère le courage de soutenir le coup affreux que je vais lui porter. Caroline est perdue pour elle, livrée au déshonneur, au mépris universel, il n’est plus pour sa coupable fille d’asile sur la terre !… Le plus vil suborneur, un monstre, en égarant sa raison, a corrompu son cœur. Après s’être servi du pouvoir de la religion pour la détacher de toute affection vertueuse, après lui avoir inspiré un amour fanatique pour la divinité, le misérable abusant du délire de son imagination, de son ivresse, l’a précipitée dans l’abime des remords et du désespoir !… Ce n’est pas tout encore ; voyant le bandeau de l’erreur tomber