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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/234

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mère n’a de mémoire que pour se rappeler les caresses de son enfant ; et vos attentions pour elle, votre amour filial lui auront bientôt fait oublier le malheur qui vous sépara d’elle. Laure, cette excellente amie, dont le zèle pour vous égale l’indulgence, vous apprendra à remplir tous vos moments par d’utiles et agréables occupations. Vous veillerez ainsi qu’elle à l’éducation de sa fille, vous cultiverez vos talents, vous éviterez à votre mère l’ennui de se mêler des soins du ménage, et si Frédéric fait quelque étourderie, c’est encore vous qui demanderez sa grâce… Voyez, ma chère enfant, tous les secours que le ciel vous envoie ; ne les rejetez point, rendez-vous en digne par votre résignation ; et croyez que Caroline est encore chère à sa famille et peut en faire le bonheur.

Le sublime du langage de la vertu est d’être irrésistible, et ce que n’eussent pas fait des années de reproches et de remontrances, un mot consolant l’opéra. Caroline transportée de reconnaissance, se jetta aux pieds de ce respectable vieillard, aux miens, et dit :

Ô vous, que j’ai méconnus trop longtemps, vous dont les vertus auraient dû me servir de modèle, je m’abandonne à votre céleste bonté ; soyez mes guides, mes consolateurs, je me soumets à tout ce que vous ordonnerez ; j’allais consacrer ma vie aux