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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/280

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perfidie ; tes regrets, mes remords, n’en seraient-ils pas venus empoisonner le charme ! Et, poursuivi par le souvenir de son crime, crois-tu que ton malheureux amant ait pu jouir avec douceur des droits que sans lui ton époux conserverait encore ? Non, le même sentiment qui t’a rendue l’arbitre de son sort, le préserve de succomber à l’attrait d’un bonheur qui souillerait ta vertu ; mais sais lui gré de ce cruel sacrifice ; pense qu’il t’adore, qu’il eût payé du reste de sa vie le délicieux plaisir de te serrer un instant dans ses bras, et que c’est au moment où il entend sortir de ta bouche divine, l’aveu qui comble ses désirs… que James renonce à ton cœur, au seul bien qu’il chérit sur la terre ! Ô Laure ! que tant d’amour obtienne son pardon ! Surtout, crains de m’accabler de ta juste colère ?… J’ai pu résister aux reproches déchirants d’une âme vouée au repentir ; j’ai bravé l’infortune, surmonté ma faiblesse ; je ne survivrais pas à ton indignation. — Je suis doublement coupable, il est vrai ; je devais m’éloigner de ces lieux, le jour où je te vis paraître ; je devais prévoir que tes vertus et tes charmes m’inspireraient bientôt une violente passion ; mais écoute ce qui peut en partie excuser mes fautes, et vois si la fatalité ne m’avait pas réservé tous ses coups.

« Né avec les emportements d’un violent caractère, l’éducation ne m’a appris que faiblement à les ré-