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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/292

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quillité. Encouragé par cette idée, je mis tous mes soins à te paraître digne de quelque intérêt, et sans penser où m’entraînait une illusion divine, je m’y livrai aveuglément.

« Je n’imaginais point avoir fait la moindre impression sur ton cœur, quand je reçus le mot que tu m’adressas au retour de Philippe. Il me transporta de reconnaissance ; tu faisais des vœux pour mon bonheur, tu m’enivras d’une douce espérance, j’osai te parler du plaisir que m’avait causé ton billet. Le nom de milady vint retracer à mon imagination l’affreux tableau qu’un moment d’ivresse en avait effacé. Je tressaillis ; les caresses de ton enfant augmentèrent mon trouble, et je fus contraint de te quitter. C’est ainsi que je passai mes jours dans les remords et l’agitation ; quand l’affreuse jalousie vint m’éclairer enfin sur le sentiment qui remplissait mon âme. Frédéric me confia l’amour dont il brûlait pour toi. Inquiet de me voir l’écouter d’un air sombre, il me fit ton éloge pour m’engager à mieux approuver son choix. Il me vanta ton esprit, tes vertus, et ne se doutant pas de mon supplice, il me parla de son espoir.

« — Vous connaissiez son amour, me dit-il, l’aveu vous en avait faiblement irrité, et lorsqu’il se disposait à vous fuir, c’est vous qui l’aviez retenu.

« Il n’en fallut pas davantage pour me persuader