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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/295

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l’intérêt que tu pris à elle, celui que tu me témoignas, allaient peut-être me faire oublier ma résolution, quand de nouvelles preuves de ton attachement pour Frédéric vinrent m’y ramener. Rappelle-toi chacune de mes actions depuis ce moment, et tu verras que toutes furent guidées par les remords ou la jalousie.

« Juges de ce que j’ai souffert le jour où tu donnas à mon neveu le nom de ton époux ! Celui où je crus te voir pleurer le départ de Frédéric ; enfin cet instant cruel où ta vie sembla s’exhaler avec celle de ton enfant. Ne crois pas que je sois assez ingrat pour oublier, ô ma Laure ! la félicité dont je jouis en apprenant que mon empressement avait arraché à la mort, ta fille, celle de Henri… Hélas ! ce sentiment est le seul dont rien ne soit venu troubler la pureté. Combien que j’étais heureux en pensant que j’allais revoir le sourire sur tes lèvres ! que j’entendrais sortir de ta bouche les douces expressions de l’amitié, de la reconnaissance ! Je contemplais le portrait de Lucie, le souvenir de ce que tu éprouvas, lorsque je voulus te remercier de cet aimable don, se retraçait à ma pensée. Parfois je me flattais que mon émotion t’ayant fait deviner mon amour, tu le voyais sans colère. Frédéric n’était plus avec toi. Tu pouvais ne l’aimer que faiblement, l’oublier… Ah ! que je payai cher ce rêve délicieux, quand il vint m’apprendre que sa mère