Aller au contenu

Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II


Tu me reproches avec raison, bonne amie, de ne t’avoir pas donné de nouvelles de ma santé, je m’en occupe si peu qu’à peine sais-je dans quel état elle est. Ma belle-mère prétend que ma pâleur diminue, que je semble moins oppressée : le fait est que je souffre peu ; j’éprouve cet accablement qui est la suite des maux désespérés sans en être le soulagement. On prend cela pour du calme, ma Juliette ne s’y tromperait pas ; mais il y a tant de gens qui ignorent cet état, qu’il ne faut pas s’étonner de la méprise.

Je suis décidée à suivre l’avis que tu me donnes ; ce n’est qu’en me livrant à l’occupation, que je parviendrai à me distraire du chagrin qui me poursuit. Depuis six mois, uniquement occupée de mes regrets, j’ai totalement négligé ces dispositions auxquelles tu veux bien donner le nom de talents, et qui ont tant de fois charmé ma solitude pendant la dernière et funeste absence de M. d’Estell. Je vais travailler de nouveau ; la peinture m’offre un double intérêt, et c’est par elle que je veux commencer. J’ai trouvé dans une immense galerie un ancien portrait de Henri que je me dispose à copier ; il manque peu