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Page:Nichault - Laure d Estell.djvu/41

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acte de complaisance m’a été demandé avec instance par madame de Varannes : j’ai accepté et je tiendrai parole. Nous irons elle et moi dans ma voiture, je prête mon phaéton à Frédéric et à sa sœur. Il est enchanté de conduire mes petits chevaux anglais. « Pour cette fois, dit-il, sir James ne se moquera pas de mon équipage. » Ce sir James est un personnage dont on redoute bien la censure. Tout ce que j’en entends dire m’intimide au point de craindre sa rencontre : cependant je n’y puis échapper ; et vois jusqu’où va ma petitesse, la seule pensée de voir cet homme si bizarre chez madame de Savinie, me fait regarder cette visite comme une de ces choses auxquelles on ne se résigne qu’avec la plus grande répugnance, tant il est vrai que dans le malheur on se fait des contrariétés de tout.

Puisque mes récits te plaisent, bonne amie, je composerai pour toi l’espèce de journal que tu me demandes ; cette occupation me sera bien douce, je commencerai demain, car aujourd’hui on ne m’en laisse pas le loisir. Donne-moi de ton côté toutes les nouvelles qui peuvent t’intéresser. Parle-moi du cousin Delval : compte-t-il bientôt revenir de l’armée ? Je voudrais le revoir pour entendre de lui tout ce qu’il sait de Henri : il ne l’a pas quitté, ils ont souvent parlé de moi. Je jouirais d’un certain plaisir à causer de bien des choses qu’on a cachées à ma